Top 14 : Le Stade Français demeure dans l’attente de jours meilleurs pour retrouver sa pleine dynamique.
Après une saison précédente marquée par des difficultés et des prédictions de lutte pour le maintien, le Stade Français a créé la surprise en se classant à la deuxième place du Top 14 après cinq journées. Cette performance inattendue a suscité l’enthousiasme, contrastant fortement avec les attentes initiales. Cependant, cette inversion de dynamique ne conduit pas les joueurs parisiens à l’excès de confiance. Morgan Parra, entraîneur de l’attaque, exprime une grande prudence : « On est très prudent. On est content mais on ne s’enflamme pas. On sait d’où on vient. On sait qu’il faut encore travailler pour valider la victoire à Perpignan. Aujourd’hui, on n’a aucune certitude. Tout est fragile. On n’en est qu’à la 5e journée. Peut-être qu’à la 11e on jouera le maintien… On est mieux mais on espère un gros match dans tous les secteurs ce samedi face aux Rochelais. On verra alors si on est dans le vrai… » L’expérience difficile de la saison dernière, où le club a évité de justesse un match d’accession contre une équipe de Pro D2, tempère leur optimisme. Concernant l’amélioration du jeu offensif, Morgan Parra reconnaît : « On fait un peu plus de passes. On est dans le bon tempo mais on sait que ça reste très fragile. » Il insiste sur la nécessité de l’exigence : « On veut toujours plus. Mais il y a déjà une évolution. Les joueurs prennent les choses en main. Il faut garder cette stabilité tout en perfectionnant le jeu étape après étape. » L’entraîneur souligne l’importance du match à venir contre La Rochelle, une équipe en quête de réaction en ce début de saison. Il considère cette rencontre comme un « juge de paix », une victoire confirmant les progrès, tandis qu’une défaite ramènerait l’équipe dans le rang. Morgan Parra prévient : « La Rochelle est un gros morceau. J’ai mis les joueurs en garde. Notre adversaire connaît les grands rendez-vous, sait répondr e dans la difficulté. On verra contre lui si on est dans le vrai. On est allé chercher des points importants à Perpignan, mais ce n’est pas une finalité. Si tu valides à domicile, là oui, ce sera fondateur. » Concernant les raisons de cette métamorphose, l’entraîneur évoque avec prudence « de l’application, des joueurs concernés, avec un autre d’état d’esprit », ajoutant qu’« il y a beaucoup de choses qui changent ». Il mentionne des modifications dans le staff technique, notamment l’arrivée d’un nouveau manager, l’Anglais Paul Gustard (promu en cours de saison dernière), et de nouveaux entraîneurs pour la défense (Rory Kockott) et la mêlée (Perry Freshwater), tout en précisant que ces changements ne sont « rien de révolutionnaire ». Il est précisé que Morgan Parra est le seul adjoint de la saison précédente à être resté, Paul Gustard ayant eu la liberté de composer un staff majoritairement anglo-saxon et loyal à sa vision. Ce staff inclut Perry Freshwater (Néo-Zélandais naturalisé Anglais), Rory Kockott (Sud-Africain), le préparateur physique Scott Crean (Néo-Zélandais) et l’entraîneur des skills Ian Vass (Britannique), ainsi que le nouveau préparateur mental Thibaut Nilles. L’arrière international Léo Barré met l’accent sur le nouvel état d’esprit des joueurs, déclarant : « On s’est remis individuellement en question pour mieux performer cette saison. À nous de conserver cette connexion, ce lien, entre les joueurs qu’on a retrouvé depuis le début de saison. On répond en équipe, et pas qu’en individu. On a plus confiance en nous, en particulier en attaque, et c’est le principal. » Il envisage l’avenir avec un optimisme mesuré : « Pour l’instant, je touche du bois, on est sur une bonne dynamique. Si on valide ce week-end, on conservera cette euphorie », précisant que la victoire importante contre l’UBB a contribué à cette confiance. Ce renouveau est également percep tible chez certains joueurs qui, en difficulté la saison dernière, répondent désormais aux attentes, tels que l’ouvreur Louis Carbonel et le troisième-ligne Yoan Tanga. Le recrutement, qualifié de minimaliste mais ciblé, a aussi joué un rôle. Il a vu l’arrivée des centres Tani Vili et Noah Nene (retour de prêt), ainsi que d’anciens Rochelais comme le pilier Thierry Païva et le demi de mêlée Tawera Kerr-Barlow. Ce dernier, ancien All Black et double champion d’Europe avec La Rochelle, a rapidement endossé un rôle de leader. Il explique que « Paul Gustard souhaitait que j’apporte un peu de maturité et de leadership, parce que le Stade Français est une équipe assez jeune. » Arrivé à l’intersaison, le Néo-Zélandais de 35 ans partage la même prudence que le reste de l’équipe : « Nous avançons dans la bonne direction, en essayant de renforcer la culture existante ici. Mais le Top 14, c’est une saison très longue. Donc gardons les pieds sur terre. » Cette ligne directrice de prudence est un leitmotiv au sein du club. Malgré le fait que le Stade Français soit la première équipe de la saison à avoir obtenu un bonus offensif à l’extérieur, la vigilance reste de mise. Paul Gustard résume : « Je suis content de la direction prise par l’équipe. Mais l’important, c’est de garder les deux pieds au sol. Je ne regarde jamais le classement. L’important, à mes yeux, c’est de se concentrer sur le process. Cette saison, tous les mecs sont alignés et il y a un bon équilibre, une bonne balance entre le plaisir et le travail. On doit prolonger cet état d’esprit. » Cette approche vise à permettre au club, après des périodes difficiles, d’atteindre des objectifs plus élevés.
