• 11 November 2025

Jugement à Paris de 14 personnes pour vaste escroquerie aux SMS via IMSI-catcher.

Jugement imminent à Paris de quatorze individus dans une affaire d’escroquerie aux SMS frauduleux via un IMSI-catcher. Quatorze personnes impliquées dans une escroquerie de grande ampleur, orchestrée au moyen d’un IMSI-catcher, un dispositif d’interception couramment employé par les services de renseignement et de police, seront prochainement jugées devant le tribunal correctionnel de Paris. Le dispositif mis en place par les prévenus permettait l’envoi de milliers de messages d’hameçonnage aux victimes. L’enquête a débuté en octobre 2022 suite à une plainte déposée par l’opérateur téléphonique Orange. Plusieurs de ses clients avaient reçu des SMS frauduleux, notamment des tentatives d’hameçonnage relatives à des comptes Ameli. Orange a constaté que ces messages n’étaient pas émis via son réseau et que les terminaux concernés manifestaient un comportement radio inhabituel lors de leur réception. Ces observations ont orienté les soupçons vers l ‘utilisation d’une fausse station de base, capable de créer un réseau auquel les téléphones des clients avoisinants se connectaient. L’opérateur a enregistré la captation de plus de 75 000 terminaux mobiles par cette fausse antenne relais. Le 31 décembre 2022, un véhicule a été identifié à Paris, sa lunette arrière étant masquée par un caisson gris. Ce dispositif, neutralisé par les démineurs, a été identifié par analyse comme étant un IMSI-catcher. Cet appareil, conçu pour intercepter les données de trafic de téléphonie mobile, permettait d’envoyer des messages d’hameçonnage aux appareils connectés, en usurpant l’identité d’organismes reconnus tels que Chronopost ou Ameli. Le but était d’inciter les victimes à divulguer leurs coordonnées bancaires. Lors de sa garde à vue, la conductrice, Zoé M., a déclaré que le dispositif lui avait été remis par un individu surnommé « Nounours ». Elle percevait 100 € par jour pour circuler lentemen t dans les rues de Paris avec le véhicule, activant le système logé dans le coffre via une application mobile. L’individu surnommé « Nounours » a été identifié comme Mohamed A., connu des services de police. Il a admis son rôle d’intermédiaire, consistant à recruter des conducteurs pour le véhicule, une tâche qu’il avait acceptée suite à une proposition sur Telegram. La vidéosurveillance d’un parking a révélé la présence de cinq personnes lors du transfert de l’IMSI-catcher entre deux véhicules : Zoé M., Mohamed A., Wissale L., Sammy N., et Abdoulaye K., également connu sous le pseudonyme de « Bouzou ». Ce dernier était cofondateur, avec Mohammed M., de la société Scion Data Agency, une entité de conseil informatique proposant des services de « SMS Marketing Local ». Les enquêteurs ont établi que la société Scion Data Agency, dont les activités avaient déjà fait l’objet de signalements pour pratiques douteuses, avait acheté l’appareil incriminé à « Kevin Yin », de son identité réelle Nongzhong Yin. Cet homme, âgé de 46 ans, est un employé d’une entreprise commercialisant également des armes de guerre, des drones d’attaque et des systèmes de missiles sol-sol, dont la clientèle est officiellement constituée d’organismes policiers et judiciaires. Faisant l’objet d’un mandat d’arrêt, M. Yin a été localisé en Suisse puis extradé vers la France, où il demeure l’unique prévenu en détention dans cette affaire. L’enquête a également révélé que M. Yin avait vendu d’autres IMSI-catchers en France, notamment à Sammy N., suspecté d’avoir utilisé un tel dispositif à Neuilly-sur-Seine et Paris avec Salim B. comme conducteur, ainsi qu’à Kwame B. Ce dernier a reconnu avoir acquis l’appareil pour un montant d’environ dix mille euros et l’avoir employé à Lyon. Le jugement de huit personnes, âgées de 24 à 46 ans – Mohamed A., Zoé M., Wissale L., Salim B., Mohamed M., Abdoulaye K., Sammy N., et Nongzhong Yin – ainsi que de la société Scion Data Agency, se tiendra à Paris du 6 au 27 février. Les accusations incluent la captation de données informatiques, l’utilisation non autorisée de fréquences, l’entrave au fonctionnement d’un système de traitement automatisé de données, et l’escroquerie en bande organisée, entre autres. Les faits se sont déroulés entre septembre 2022 et février 2023, causant un préjudice estimé à un minimum de 20 millions d’euros à des milliers de victimes non identifiées et à des opérateurs de téléphonie, dont Orange. Parallèlement, six autres individus, incluant Kwamé B., et deux sociétés, sont concernés par des procédures de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité, dont l’homologation est prévue le 5 novembre à Paris. Cette procédure, communément appelée « plaider-coupable », permet un jugement accéléré de l’auteur d’une infraction qui reconnaît sa culpabilité, sous réserve de certaines conditions.