• 11 November 2025

Environ 150 grévistes se sont rassemblés devant le grand magasin BHV pour dénoncer l’arrivée de la marque Shein, pointant du doigt les pratiques controversées de l’entreprise de fast-fashion en matière de conditions de travail et d’impact environnemental.

Environ 150 manifestants se sont rassemblés ce vendredi peu avant 15 heures près du BHV, grand magasin historique situé au cÅ“ur de Paris, afin de protester contre l’installation prochaine du géant asiatique du commerce en ligne Shein dans ses locaux. Ces manifestants participaient à un débrayage de trois heures, organisé à l’appel de l’intersyndicale du Bazar de l’Hôtel de Ville (composée de la CFDT, la CFTC, la CFE-CGC, la CGT et SUD Solidaires), coïncidant avec le premier jour de la «BHV Week», une opération promotionnelle prévue jusqu’au 19 octobre. L’implantation de Shein, annoncée pour novembre au sixième étage de l’établissement parisien et qui a provoqué un vaste tollé, « menace à court terme » la « survie » du magasin, s’alarment les syndicats. Ces derniers se sont montrés particulièrement remontés contre Frédéric Merlin, président de la foncière SGM, propriétaire du fonds de commerce du BHV, dont ils dénoncent le « baratin  ». Présent pour soutenir les grévistes du BHV, l’adjoint au commerce à la mairie de Paris, Nicolas Bonnet-Oulaldj, s’est déclaré « totalement opposé à la venue de Shein », une marque de prêt-à-porter fréquemment critiquée pour sa pollution environnementale, ses pratiques de concurrence déloyale et ses conditions de travail indignes. L’élu a affirmé partager « l’inquiétude » des salariés. La SGM, pour sa part, s’est dite « convaincue » que ce partenariat serait « bénéfique pour le groupe et ses salariés », et a assuré vouloir « maintenir le dialogue avec les salariés et syndicats pour leur expliquer l’intérêt de ce projet ». Concernant l’accumulation d’impayés, David Belliard, adjoint écologiste à la maire de Paris, a déclaré aux manifestants : « Nous avons besoin de cette mobilisation car nous ne voulons pas de Shein en plein cÅ“ur de Paris. Ce sont des vêtements en pétrole, fabriqués dans des conditions sociales effroyables. » Il a par ailleurs dénoncé les agissements d’un « patron voyou qui méprise les salariés ». Le député socialiste Emmanuel Grégoire était également présent pour encourager les salariés du BHV mobilisés. « C’est une catastrophe symbolique absolument effroyable. Nous passons notre temps à défendre un autre modèle de consommation pour l’environnement », a-t-il affirmé. Au-delà de l’arrivée de Shein, la situation du BHV « n’a cessé de se dégrader » depuis la cession, en 2023, du fonds de commerce du BHV par les Galeries Lafayette à la SGM, selon les syndicats. Outre la suppression de « plus de 300 emplois directs », ils mettent en avant l’accumulation d’impayés qui a conduit plusieurs fournisseurs — comme Le Slip Français — à quitter le BHV ou à suspendre leurs livraisons. Plus récemment, d’autres marques (AIME, Culture Vintage, Talm…) ont également cessé leur collaboration en signe de protestation contre le partenariat avec Shein. Par ailleurs , mercredi, la Banque des Territoires s’est retirée des négociations entamées en juin avec la SGM pour l’aider à racheter les murs du BHV, évoquant « une rupture de confiance ». La SGM a toutefois assuré avoir « d’autres partenaires qui ont confirmé leur engagement ». Shein doit également s’implanter dans cinq magasins en province, sous enseigne Galeries Lafayette mais exploités par la SGM. L’intersyndicale de ces magasins (CFDT, FO, CFE-CGC) a également exprimé son refus du projet, que le groupe Galeries Lafayette a promis d’empêcher.